Au beau de notre amour elle s’est en allée
Comme une noce en blanc au lointain d’une allée,
Au beau de notre amour on a fermé le parc
Où nous marchions à deux sous les rameaux en arc.
L’absence tout à coup a desséché la vasque
Où montait notre espoir tel qu’un jet d’eau fantasque.
Elle s’en est allée au plus tendre moment
Comme un cortège part mélancoliquement.
Elle n’a pas marché, chaste et surnaturelle,
Sous les arcs triomphaux que je dressais pour elle,
sous les arcs triomphaux de lierre et de jasmins
que je dressais pour elle avec mes jeunes mains,
Que je dressais pour elle au seuil de ma jeunesse
Pour l’y voir s’avancer ainsi qu’une princesse,
Et pour l’y voir superbe, avec toute sa cour,
Recevoir les clés d’or de mon premier amour,
Et m’évoquer ainsi ces anciennes infantes
Qui venaient, au milieu des plantes triomphantes,
Dans leurs villes de Flandre en agréer les clés
Que des pages rêveurs aux cheveux long-bouclés
Leur présentaient sur des coussins de velours rouge,
Cependant qu’au lointain, sous le soleil qui bouge,
Les chants du carillon, tombant du Beffroi fier,
S’effeuillaient dans le vent comme des fleurs de fer !