À Amaury de Cazanove.
Il est près de Salles, à droite, une source claire.
Des fougères noires, de la mousse et du lierre
se mirent doucement à sa limpidité.
La grand-route la longe et la chaleur d’été
fait sur la terre une blanche vibration.
Celui qui suit la route (on disait un piéton)
sent la terre brûler aux cordes de ses sandales.
Autour de lui bourdonne la chaleur pâle ;
mais, quand il approche de la petite source,
il se sent inondé par une fraîcheur douce.
Bien souvent j’ai suivi jusqu’à votre hameau
cette route blanche qui va à Hagetmau.
Mes yeux qui se fixaient à l’horizon des côtes
y voyaient, agrandies, des silhouettes d’hommes.
Mais c’est en vain que mon regard triste a cherché
la diligence qui, avant que je fusse né,
ramena au pays, le long de la source vive,
mon grand-père qui revenait des Antilles.
1897.