Calme des sens, paisible Indifférence,
Léger sommeil d'un coeur tranquillisé,
Descends du ciel ; éprouve ta puissance
Sur un amant trop longtemps abusé.
Mène avec toi l'heureuse Insouciance,
Les Plaisirs purs qu'autrefois j'ai connus,
Et le Repos que je ne trouve plus ;
Mène surtout l'Amitié consolante
Qui s'enfuyait à l'aspect des Amours,
Et des Beaux-Arts la famille brillante,
Et la Raison que je craignais toujours.
Des passions j'ai trop senti l'ivresse ;
Porte la paix dans le fond de mon coeur :
Ton air serein ressemble à la sagesse,
Et ton repos est presque le bonheur.
Il est donc vrai : l'amour n'est qu'un délire !
Le mien fut long ; mais enfin je respire,
Je vais renaître ; et mes chagrins passés,
Mon fol amour, les pleurs que j'ai versés,
Seront pour moi comme un songe pénible
Et douloureux à nos sens éperdus,
Mais qui, suivie d'un réveil pluis paisible,
Nous laisse à peine un souvenir confus.