Quelque part — je sais où — près d’un saule qui pousse
Ignoré du soleil quand le printemps sourit,
Un tombeau que quelqu’un a cherché dans la mousse,
Laisse voir sur sa croix que nul nom n’est inscrit.
Personne que je sache, à genoux sur la pierre,
N’est venu, vers le soir, y prier en pleurant ;
Mais un ange descend sans doute avec mystère
Dans ce lieu, quand le jour s’abat triste et mourant.
Les fleurs n’y vivent pas et la mort ne recueille
Pour moisson, que le foin oublié du faucheur,
C’est à peine, l’été, si parfois une feuille,
— Triste larme du saule — y tombe comme un pleur.
Je suis allé revoir cette tombe ignorée ;
Et seul, quand j’ai voulu retrouver le chemin,
Quelqu’un était debout, en défendant l’entrée :
C’était l’Oubli, pensif, et le front dans la main