Ô Beauté nue,
Les oiseaux volent dans le calme
Où la digitale remue,
Où la fougère aux fines palmes
Est encor d’un vert tendre au pied de l’aulne obscur.
Une molle buée enveloppe l’azur,
Allège les lointains, les arbres, les maisons,
Noie à demi la ferme et le dormant gazon
Et fait de la montagne une ombre aux lignes pures.
Pas un souffle, pas un soupir, pas un murmure,
Tu rêves. Le vallon s’apaise solitaire
Dans l’ombre et le repos qui caressent la terre ;
Tu rêves et la terre est faite de ton rêve
Et ta forme à jamais se répand et s’élève
Et semble s’allonger sur les espaces bleus,
Ton corps limpide et clair flottant au-dessus d’eux,
Avec tes nobles bras entr’ouverts et ta tête
S’appuyant sur les monts indolente et muette.
Les rochers et les bois dorment sous ta grande ombre
D’un sommeil plus divin,
Car pâle elle s’étend, épure et rend moins sombre
Le rêve des lointains.
L’univers à demi dans la brume tranquille
Élève les sommets et les fumeuses villes
Où passent les humains,
Et c’est dans une vaste et pensive harmonie
Que répond longuement à ta mélancolie
La courbe des confins