Vénus, ô volupté des mortels et des dieux !
Ame de tout ce qui respire,
Tu gouvernes la terre, et les mers, et les cieux ;
Tout l’univers reconnaît ton empire !
Des êtres différens les germes précieux,
Qui dorment dispersés sous la terre ou dans l’onde,
Rassemblés à ta voix féconde,
Courent former les corps que tu veux enfanter.
Les mondes lumineux roulent d’un cours paisible,
L’un vers l’autre attirés, unis sans se heurter,
Par ton influence invisible !
Tu parais, ton aspect embellit l’univers :
Je vois fuir devant toi les vents et les tempètes ;
L’azur éclate sur nos têtes ;
Un jour pur et divin se répand dans les airs.
L’onde avec volupté caresse le rivage ;
Les oiseaux, palpitans sous leur toit de feuillage,
Célèbrent leurs plaisirs par de tendres concerts.
Des gouffres de Thétis tous les monstres informes
Font bouillonner les flots amers
Des élans amoureux de leurs masses énormes.
Les papillons légers se cherchent sous les fleurs,
Et par un doux hymen confondent leurs couleurs.
L’aigle suit dans les cieux sa compagne superbe :
Les serpens en sifflant s’entrelacent sous l’herbe :
Le tigre, dévoré d’une indomptable ardeur,
Terrible, l’œil sanglant et la gueule écumante,
Contemple, en rugissant d’amour et de fureur,
La sauvage beauté de son horrible amante.
Tout ressent de Vénus la puissante chaleur ;
Tout produit : les vallons, les fleuves, les montagnes :
La rose se parfume et le chêne verdit ;
Au fond de l’Océan la perle s’arrondit,
Et les palmiers en fleurs fécondent leurs compagnes.
Cependant les sylvains, brûlés des mêmes feux,
Pressent la nymphe palpitante
Qui tremble dans leurs bras nerveux
Et de désir et d’épouvante ! …
La déesse sourit aux mortels enchantés :
Elle entend s’élever du milieu des cités,
De l’épaisseur des bois, du sein des mers profondes,
Un murmure confus de cent bruits amoureux,
Et ce concert voluptueux
Est l’hommage éternel des êtres et des mondes.