Dans un cercueil en bois des îles
Monsieur le Duc a pris congé
Des quelques trois cents imbéciles
Qu’il appelait « mes bons sujets ».
Mourir n’est pas toujours facile,
Monsieur le Duc fit ça très bien,
Sans grandiloquence inutile,
Entre ses piqueurs et ses chiens.
N’aimant que la chasse et les filles,
Certain de partir sans péché,
Il confessa trois peccadilles
Pour ne pas froisser son clergé.
Ensuite, allant vite en besogne
Il déshérita ses neveux,
Sourit aux forêts de Sologne.
Un valet lui ferma les yeux.
Alors tous ces mangeurs de terre,
Ceux qui s’échinent sans arrêt,
Des bientôt conscrits aux grands-pères,
Se sentir’nt tout désemparés.
Le fléau de leur existence
Venant enfin de les quitter,
Ils eur’nt des mots de circonstances
D’une grande imbécillité.
Les métayers durs à l’ouvrage
Que le Duc égorgeait à blanc,
Toutes les fill’s du voisinage
Auxquelles il faisait des enfants…
La vieille qui lavait son linge,
Le valet qui soignait ses chiens,
Ceux qu’il payait en monnaie d’singe
Venaient en dire un peu de bien,
Qu’il fût une ignoble canaille
Pour qui rien n’eut jamais de prix,
Un être sans coeur ni entrailles,
Leur était sorti de l’esprit.
On vint apporter par brassées
Les plus belles fleurs des jardins.
Ce fut une belle journée
Mais lourde d’un bien gros chagrin…
Dans un cercueil en bois des îles
Monsieur le Duc a pris congé
Des quelques trois cents imbéciles
Qu’il appelait « mes bons sujets »