Midi. L’astre au zénith flamboyait dans les cieux.
L’azur immaculé, profond et radieux,
Posait sur l’horizon sa coupole sereine.
Le fleuve au loin passait, lent, sur la brune arène.
Des vallons aux coteaux, des coteaux aux vallons,
Les champs jaunis ou verts prolongeaient leurs sillons.
Sur les versants ombreux des collines prochaines
La forêt étageait ses hêtres et ses chênes.
Ce n’est plus, ô printemps ! tes riantes couleurs ;
C’est l’été mûrissant aux fécondes chaleurs.
Sous les soleils d’août, d’une teinte plus dure,
L’arbre à l’épais feuillage assombrit sa verdure ;
La fraîcheur a fait place à la force ; l’été
Resplendit dans sa flamme et sa virilité.
Aux fleurs ont succédé les fruits, — saintes richesses
De l’homme ; — la nature a rempli ses promesses.
Il est midi. Planant dans l’immobilité,
L’astre épanche sa flamme avec tranquillité.
Le vent s’est assoupi, la forêt est paisible.
Parfois, sous les rameaux, l’oiseau chante, invisible,
Puis se tait, fatigué de lumière, et s’endort ;
Les abeilles, les taons des bois, les mouches d’or,
Enivrés des rayons qui tombent des ramures,
Sur l’herbe tiède et molle éteignent leurs murmures :
La lumière au silence, hymen mystérieux,
S’accouple dans la paix des bois et dans les cieux.
Paix sainte des grands bois ! paix des cieux pleins de flamme !
Heureux, heureux qui peut, dans ses yeux, dans son âme,
Sans pleurs, sans deuils poignants, sans regrets acérés,
Paix saintes, recevoir vos effluves sacrés !
Heureux l’esprit sans trouble, heureuse la paupière
Que le silence enivre et qu’endort la lumière,
Qui jouit d’un beau jour sans le voir se ternir
Des ombres qu’après soi traîne le souvenir !