Il n’est que d’être roi pour être heureux au monde.
Bénis soient tes décrets, ô Sagesse profonde !
Qui me voulus heureux et, prodigue envers moi,
M’as fait dans mon asile et mon maître et mon roi.
Mon Louvre est sous le toit, sur ma tête il s’abaisse ;
De ses premiers regards l’orient le caresse.
Lit, sièges, table, y sont, portant de toutes parts
Livres, dessins, crayons, confusément épars.
Là, je dors, chante, lis, pleure, étudie et pense ;
Là, dans un calme pur, je médite en silence
Ce qu’un jour je veux être, et, seul à m’applaudir,
Je sème la moisson que je veux recueillir.
Là, je reviens toujours, et toujours les mains pleines,
Amasser le butin de mes courses lointaines,
Soit qu’en un livre antique à loisir engagé,
Dans ses doctes feuillets j’aie au loin voyagé,
Soit plutôt que, passant et vallons et rivières,
J’aie au loin parcouru les rives étrangères.
D’un vaste champ de fleurs je tire un peu de miel.
Tout m’enrichit et tout m’appelle ; et, chaque ciel
M’offrant quelque dépouille utile et précieuse,
Je remplis lentement ma ruche industrieuse.