- » Planons, lui disais-je, sur les bois que parfument
les roses ; jouons-nous dans la lumière et l’azur des
cieux, oiseaux de l’air, et accompagnons le printemps
voyageur. »
La mort me la ravit échevelée et livrée au sommeil d’un
évanouissement, tandis que, retombé dans la vie, je
tendais en vain les bras à l’ange qui s’envolait.
Oh ! si la mort eût tinté sur notre couche les noces du
cercueil, cette sueur des anges m’eût fait monter aux
cieux avec elle, ou je l’eusse entraînée avec moi aux
enfers !
Délirantes joies du départ pour l’ineffable bonheur de
deux âmes qui, heureuses et s’oubliant par-tout où elles
ne sont plus ensemble, ne songent plus au retour.
Mystérieux voyage de deux anges qu’on eût vus, au point
du jour, traverser les espaces et recevoir sur leurs
blanches ailes la fraîche rosée du matin !
Et dans le vallon, triste de notre absence, notre couche
fût demeurée vide au mois des fleurs, nid abandonné sous
le feuillage.