Ce soir, ta chair malade a des langueurs inertes ;
Entre tes doigts fiévreux meurent tes beaux glaïeuls ;
Ce soir, l’orage couve, et l’odeur des tilleuls
Fait pâlir par instants tes lèvres entr’ouvertes.
Les yeux plongeant au fond des campagnes désertes,
Nous sentons croître en nous, sous la nue en linceuls,
Cette solennité tragique d’être seuls ;
Et nos voix d’un mystère anxieux sont couvertes.
Parfois brille, livide, un éclair de chaleur ;
Et sa clarté subite, inondant ta pâleur,
Te donne la beauté fatale des sibylles.
L’ombre devient plus chaude et plus sinistre encor,
Et, brûlant dans l’air noir, nos âmes immobiles
Sont comme deux flambeaux qui veilleraient un mort