Croisades du silence
Aimé Césaire

Poème Croisades du silence

Et maintenant
que les vastes oiseaux se suicident
que les entrailles des animaux noircissent sur le couteau du sacrifice
que les prêtres se plantent une vocation aux carrefours noués dans le terreau du bric-à-brac

Noir c’est noir non noir
noir lieu-dit
lieu de stigmates
feu de chair comme mémoré

lorsque dans tes venaisons une pierre comble à milles visages
le grand trou que dans tes chairs faisait l’eau sombre
de la parole l’éteint Chimborazo dévore encore le monde