Que retenir du rap français en 2020 ?

Publié le: 22/12/2020 13:47
Mis à jour le: 22/12/2020 13:53
2020, une année charnière.

L’année 2020 a été une année importante pour le rap français. On le sait désormais à force de nous le rabâcher à longueur de journée, le rap français est une des industries musicales qui marche le mieux. L’année a encore battu des records en termes de chiffres. Néanmoins, des questions se sont posées et doivent se poser concernant le niveau global et ce qu’est devenu le rap français. L’art est devenu (et depuis longtemps) une entreprise, on ne cherche plus autant la qualité d’un produit, mais plutôt à comment le vendre. Dans une année aussi riche que 2020, il est temps de faire le tri.


La descente progressive des têtes d’affiches du rap français.


La qualité d’un projet ne se résume pas au chiffre d’une première semaine. On espère ne rien vous apprendre, néanmoins les chiffres permettent de comprendre une tendance et d’analyser ce qui marche dans le marché actuel. 

On prend alors les 10 meilleurs démarrages de l’année et une question se pose combien qualitativement mérite d’être ici ? 


Il n’y a pas de réponse universelle et on pourrait aisément parler de « goût et couleur », malheureusement le problème va plus loin que ça. Si on vous demande de citer 10 titres de chacun de ses albums, la plupart d’entre vous échoueront et moi le premier. Néanmoins, tout le monde connaît au moins un hit du projet. On ne fait plus des tops d’albums, mais des tops d’albums avec le hit qui marche le mieux. Certes on peut citer LMF ou QALF qui sont des disques différents apportant une vraie réponse au rap français, mais c’est trop peu. 


Le rap français est en crise d’identité et les années s’enchaînent et se ressemblent. Les SCH, PNL, Hamza essayent de donner une fraîcheur au rap français, mais ces exemples sont trop rares et ne représentent qu’une partie du public. 

Le niveau a tellement régressé qu’un rappeur aussi talentueux que Josman ne cache même plus. Son projet est une playlist, un enchaînement de morceaux oscillant entre le bon et le moyen avec la certitude d’avoir un single qui explose. Un rappeur a clairement formulé le fait que faire un album n’avait plus aucun sens. Au moins Jos a l’honnêteté de l’avouer tandis que des artistes comme PLK et Leto affirme sortir leurs meilleurs projets et avoir innové. Rajouter une guitare sur une prod est en 2020 de l’innovation. Un nombre incalculable d’auditeurs a salué le morceau d'Interlude. Oui, le morceau est bon, mais mettre une guitare électrique n’est pas une révolution et s'il ne suffit que de ça pour étonner un public aussi large, c’est l’heure de se poser des questions.

Il faut également arrêter de demander à un artiste d’innover à tout prix. L’innovation pour l’innovation n’amène à rien. La musique est une création personnelle et on n’attend pas à voir de Da Uzi sur un morceau 2Step ou de voir Maes changer son vocodeur. Il faut rester vrai et sincère dans sa musique. On n’a oublié que la musique reste des émotions, des moments de vie, la musique a une histoire et elle est différente pour tout le monde, c’est ce qui la rend unique et si belle. Des artistes ont d’ailleurs tenté cette année « d’ouvrir » (attention, on reste dans le rap français, quand on parle de s’ouvrir, c’est majoritairement faire des morceaux chantés) leurs panels musicaux. On a eu par exemple Da Uzi avec Architecte qui s’est complètement loupé. Le projet est loin derrière Mexico notaient à cause de sa partie avec des morceaux plus chantés qui ne sont pas dans son ADN.

Combien de morceaux qui sont un classique à leurs sorties et oubliez 1 mois après, combien d’albums considéré comme l’album de l’année durant 1 semaine. Il est facile de remettre la faute uniquement sur les artistes, mais les auditeurs sont aussi à mettre en cause. 


Néanmoins, tout n’a pas été aussi catastrophique. Il faut juste savoir trier et retrouver des méthodes de consommation plus saines. On a eu des projets de haut niveau de la part de rappeurs établi comme Alpha avec la Don dada mixtape ou Damso avec QALF. On a eu aussi des découvertes, des confirmations, bref 2020 a apporté son lot de bonheur de KOLAF à 3.

En 2020, il faut retenir que le rap français évolue et c’est très bien comme ça.

 

Noé Grieneisen